L’ABANDON
ANATOMIE D’UN VERTIGE
Le corps s’étire dans une tension suspendue entre ombre et éclat. Ici, la lumière n’éclaire pas : elle effleure, déchire, caresse, sculpte la peau comme on sculpte une absence. Dans ce clair-obscur contenu, le nu devient une architecture émotionnelle — un espace où chaque muscle, chaque souffle est une fracture douce du réel.
L’abandon n’est pas ici chute, mais consentement. Il y a dans la cambrure, dans le bras étendu à la limite du cadre, une extase presque silencieuse, un vertige contenu. La chair n’est pas offerte au regard pour être désirée, mais pour être comprise — dans sa fatigue d’être, dans son incandescence passagère.
La lumière découpe le silence du lieu, traverse les voilages, heurte les angles du sol et remonte sur le ventre, la poitrine, le visage. C’est un faisceau de lucidité qui révèle autant qu’il cache : elle dit le poids de la solitude, le goût du souffle après la chute, l’éveil intérieur d’un corps livré à sa propre gravité.
"L’abandon : Anatomie d’un vertige" trouve sa force dans ce désordre maîtrisé : la beauté d’un instant suspendu entre perte et réconciliation. Là où l’œil du photographe devient témoin d’un effacement — d’une naissance, peut-être — dans la lumière.